Keyboard Landscaper
Par Tatiana Vilela Dos Santos
Le 11/04/2025
Keyboard Landscaper est une œuvre ludique et sensible à la croisée de la musique générative, de l’imagerie numérique et de la contemplation interactive.
Durant deux minutes, le clavier d’ordinateur cesse d’être un outil de langage pour devenir un instrument d’exploration — un jardin sonore et visuel à composer touche par touche.
Inspiré du Tenori-on de Toshio Iwai et Yu Nishibori, Keyboard Landscaper transforme les touches en une matrice de 5 colonnes et 8 lignes : cinq notes sur huit temps, agencées selon une logique intuitive et harmonique.
Chaque son appartient à une gamme pentatonique mineure, garantissant que toute combinaison, même aléatoire, produira une musique fluide, dépourvue de dissonance. Le joueur peut en modifier la tonalité et l’octave par de simples gestes, mais ces changements ne prennent effet qu’à la fin d’une boucle — comme une manière d’inscrire le temps dans le rythme.
Mais Keyboard Landscaper ne se limite pas à l’écoute. À chaque note déclenchée, un élément visuel s’ajoute à une toile centrale : formes, textures, fragments de paysage viennent émerger en écho aux sons. Le lien entre sons et images demeure volontairement crypté, incitant à une forme d’interprétation sensible, presque méditative. Une seule clé est donnée : chaque gamme correspond à un biome — forêt, désert, toundra, volcan… autant de mondes à deviner par l’oreille et à peindre par le geste.
Et chaque biome, à son tour, attire une faune spécifique. Silhouettes, créatures, présences discrètes ou spectrales viennent habiter la composition, révélant leur existence au fil des notes. Le jeu devient alors un écosystème éphémère, où le musicien-paysagiste découvre peu à peu la vie qui se cache dans ses harmonies.
À la fin de chaque session, une capture d’écran vient figer cette composition transitoire — trace silencieuse d’une micro-performance audiovisuelle, née du dialogue entre un joueur, un clavier, et un monde à inventer.
