Par Tatiana Vilela Dos Santos
Le 11/04/2025
deadPixels² propose un paysage vierge qui ne prend vie qu’à travers l’action des joueurs.
Jeu compétitif, mais aussi outil d’expression collective, il engage ses participants dans un acte de création aussi éphémère qu’irréversible. Chaque territoire conquis, chaque forme tracée, chaque couleur déposée modifie l’équilibre du monde partagé. Mais ce pouvoir n’est pas sans conséquences : lorsque les frontières se heurtent, les conflits ne se soldent pas par la domination, mais par l’effacement. Les zones disputées deviennent des pixels morts, noirs, stériles — surfaces perdues pour tous.
Pensé pour 2 à 8 joueurs, deadPixels² mêle compétition, coopération et invention graphique.
Chaque joueur manie un avatar carré sur une toile blanche projetée sur un véritable chevalet. En se déplaçant, l’avatar peint la surface aux couleurs de son équipe. Lorsqu’une forme est fermée, elle se remplit automatiquement, étendant la présence de ce groupe dans l’espace. Mais si les territoires se chevauchent, le pixel meurt, et la toile se tache d’un noir définitif.
Le jeu dure 99 secondes — ou jusqu’à ce que la surface entière soit recouverte. L’équipe ayant conquis la plus grande aire l’emporte. Mais au-delà du score, deadPixels² se donne à voir comme un dispositif plastique et performatif : un champ de tension entre contrôle et chaos, intention et accident.
Chaque partie devient une image.
À la fin du jeu, une capture d’écran vient archiver la composition finale — abstraite, cartographique, expressive. Ces fragments visuels sont ensuite projetés dans L’Atlas des Matrices, un diaporama qui présente en temps réel l’ensemble des œuvres générées. Telle une collection de cartes, cet atlas révèle les traces laissées par les joueurs dans l’espace numérique, témoignant de leurs dialogues silencieux par le biais de la machine.
Les images sont ensuite partagées en ligne ou exposées in situ.
deadPixels² est ainsi à la fois jeu, performance collective et archive visuelle.
Il interroge la frontière entre jeu et art, entre espace à conquérir et surface à habiter, entre action ludique et geste pictural.