L'espace d'un instant

Par lahna

Le 05/05/2025

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Pour cette oeuvre, j'ai puisé mon inspiration auprès de deux films : Papicha de Mounia Meddour et À mon âge, je me cache encore pour fumer Rayhana Obermeyer, adapté de la pièce de théâtre éponyme. Ces deux films ont pour thème commun la place de la femme durant la décennie noire en Algérie dans les années 90. Le cinéma m'inspire toujours un espace d'intimité qui est rassurant, enveloppant, qu'il s'agisse de la diègèse du film et son cadre ou de l'espace où l'on visionne habituellement un film, au cinéma ou chez soi.
Dans le contexte politique des films, le titre m'évoque alors un espace de protection que les hommes ne peuvent atteindre, que l'espace d'un instant, ces femmes ne sont plus persécutées, poursuivies pour ce qu'elles sont. Elles peuvent oublier la terreur et la mort qui règne dehors dans les rues. L'espace d'un instant elle revivent, se purifient, par la nudité ou presque, elles reviennent à l'état initial de l'humain lorsqu'on né ou qui renvoie à la nudité d'Adam et Eve, personnages pourtant religieux. Ce même état initial de l'humain qui dehors est condamné.


Mon travail s'articule souvent autour de la sororité et de la théorie du female gaze introduite par Iris Brey. Je souhaite montrer ma vision et la vision des femmes autour de moi en réponse aux oeuvres trop souvent empreinte de male gaze.
L'encre de chine maniée au bambou évoque la déformation du monde dans lequel elles vivent, et le contraste, la société manichéenne que l'on veut leur imposer, vivement inspiré de l'expressionnisme. Le choix du stylo bille se veut comme un marqueur des limites que la terreur n'a réussi à dépasser en elles. Malgré leurs tentatives de voir le beau, la noirceur de la société imprègne leur vie et leurs discussions. Le cadre noir évoque l'intimité de l'espace filmique duquel on fait parti. L'espace d'un instant elles sont seules mais ensemble plus que jamais. Leur professeur de français dans Papicha cite le biologiste et philosophe français Albert Jacquart qui dit "Vivre, ce n'est pas lutter contre les autres". Ici elles cessent alors de lutter un instant, elles reprennent leur souffle, ironiquement dans cet espace clos et emprunt de chaleur et de vapeur. Le personnage du milieu étant enceinte, elles pensent alors, l'espace d'un instant, à la vie future et non la mort probable.
Encre de chine au bambou et à l'éponge, stylo bille sur papier, 29,7 x 42


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lahna

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